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Mode : focus sur 5 matières durables

Mode : focus sur 5 matières durables

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Lorsqu'on choisit un vêtement, comment privilégier des matières écologiques, avec un impact sur les humains et la planète le plus limité possible ? Focus - non exhaustif ! - sur cinq tissus plus durables, avec les éclairages de créateurs et créatrices de marques présentes sur Bien ou Bien.
Sac à dos en chanvre/ Himalayan Made

1. Le lin, une fibre locale

Jeans Divio Le Gaulois
Le Gaulois

“Nous avons choisi le lin, lors du lancement de notre marque Le Gaulois sur Ulule en 2019, pour répondre à une problématique environnementale concernant l’utilisation intempestive des ressources naturelles en eau, mais aussi de produits chimiques et pesticides, autour du coton traditionnel”, explique Jean-Charles Tchakirian, le créateur de cette marque de jeans confectionnés non loin de Lyon.

En effet, cette plante a tout pour plaire : ses besoins en eau sont si faibles que la pluie est suffisante. Et sa culture ne nécessite pas (ou peu) d’intrants. De plus, selon la Confédération européenne du lin et du chanvre (CELC), un champ de lin est un véritable “puits de carbone”, puisqu’ “un hectare de lin retient chaque année 3,7 tonnes de CO2”. C’est également une culture de rotation, qui revient sur une même parcelle tous les 6 à 7 ans, et permet “d’obtenir une qualité de sol optimale”. 

Un hectare de lin retient chaque année 3,7 tonnes de CO2.

Mais ce n’est pas tout, puisque le lin pousse localement, en grande partie en France, en Belgique et en Hollande. Ainsi, selon la CLC, 80% de la production mondiale de fibres de lin teillé est d’origine européenne. Et la France en est le leader mondial ! Cependant, “le lin est tributaire des intempéries et des caprices de la nature, ce qui impacte chaque année les quantités exploitables et son prix (un peu comme le vin)”, précise Jean-Charles Tchakirian. Enfin, en plus d’être résistant et confortable, “le lin est une fibre thermorégulatrice et nos jeans se portent toute l’année”, poursuit le fondateur des jeans Le Gaulois.

2. Le chanvre : une matière solide et écologique

À noter avant toute chose : ce chanvre là n'a rien de psychotrope. Les variétés cultivées légalement pour fabriquer du textile ne contiennent pas de THC (ou très peu : moins de 0,2%), la substance psychoactive du cannabis. C'est une matière millénaire : les premières traces de chanvre tissé, retrouvées en Chine, datent des alentours de - 8000 av. J-C !

La marque Himalayan Made utilise par exemple du chanvre : la plante est cultivée au Népal, puis transformée à Katmandou par l’organisation issue du commerce équitable Local Women’s Handicrafts. Joséphine Bardin, co-fondatrice, a découvert le chanvre par hasard avec son futur associé Lucas Besacier, sur un stand de sacs, installé sur un marché australien : “Au premier regard, nous avons été attirés par le design avant la matière. Puis, plus nous nous sommes renseignés sur le chanvre, plus nous avons trouvé aberrant de ne pas en entendre plus parler en France. Le chanvre est une plante aux milles vertus qui peut s’utiliser dans tous les domaines : textile, bâtiment, agriculture, automobile, médical, alimentation…”. 

Sac Himalayan Made
Himalayan Made

En ce qui concerne la culture, la CELC note que la plante ne nécessite "ni irrigation ni traitement phytosanitaire". “C’est un peu comme une mauvaise herbe qui pousse, comme l’ortie (fibre textile également très résistante et écologique). C’est une plante très résistante face aux insectes et maladies”, explique Joséphine. De plus, selon Interchanvre, l’interprofession française, “1 ha de chanvre absorbe autant de CO2 qu’1 ha de forêt, soit 15 tonnes”. 

À l'usage, c’est également une matière pleine d’avantages : “La fibre de chanvre est 8 fois plus résistante que le coton. La corde ainsi que la toile de chanvre ont été utilisées durant de nombreuses années dans la construction de bateaux. C’est une matière qui vit avec son temps, elle s’assouplit et s’adoucit au fil des années. Le chanvre textile est également reconnu car il est thermorégulateur, hypoallergénique, non-allergisant et non-irritant”, précise Joséphine Bardin. 

La fibre de chanvre est 8 fois plus résistante que le coton. La corde ainsi que la toile de chanvre ont été utilisées durant de nombreuses années dans la construction de bateaux.

Cependant, c'est une matière relativement épaisse… Plus difficile à travailler que le coton ou le synthétique, et donc plus chère. “Nos sacs et accessoires sont fabriqués à partir d’une fibre transformée à la main, donc nous ne pouvons pas faire ce qu’on veut, en terme de design et de détail, souligne Joséphine. La teinture du chanvre est aussi un frein car il absorbe différemment. Nous ne pouvons pas obtenir beaucoup de couleur avec des teintures naturelles. Par exemple, le noir que nous avons est plus un noir/gris”. Mais jetez un œil aux jolies teintes anis, curry, écru ou forêt !

3. Le Tencel (ou Lyocell), une "soie végétale"

Pyjama Nêge Paris
Nêge Paris

Dans le but de réduire l’impact environnemental de son activité, Nêge Paris a choisi d’utiliser du Tencel (aussi appelé lyocell). Pour Aliénor Schillio, co-fondatrice, c’est “une matière écologique, grâce à son procédé de fabrication. Elle est issue de bois provenant de forêts certifiées FSC et produite en boucle quasi-fermée, où le solvant naturel et non toxique est recyclé à 99,7%. On évite donc les rejets dans la nature, contrairement à d'autres procédés de fabrication comme celui de la viscose par exemple”. Aujourd’hui, l’entreprise autrichienne Lenzing est le leader de la production du Lyocell, sous l’appellation Tencel. De plus, cette fibre artificielle entièrement cellulosique nécessite très peu d'eau : "il faut 5 fois moins d'eau pour produire 1 kg de Tencel que pour produit 1 kg de coton".

Pour l’équipe de Nêge, c’est en outre une matière idéale pour la nuit ! “On propose des pyjamas, on a donc cherché une matière très douce, respirante et thermorégulatrice, pour avoir ni trop chaud, ni trop froid. Toutes les qualités du Tencel ! On voulait aussi que nos clientes puissent porter leur pyjama au fil des années, et le Tencel est une matière durable qui résiste très bien dans le temps”, souligne Aliénor Schillio. Le Tencel absore bien l'humidité : des marques fabriquent aussi des vêtements de sport en Tencel... Mais on peut également trouver des pièces plus classiques pour la journée ou du linge de maison en Tencel.

Pour Aliénor, le défi est encore de faire connaître cette matière : “nos clientes ne connaissent pas le toucher du Tencel et ne savent donc pas exactement à quoi s'attendre quand elles achètent en ligne. Le Tencel est aussi appelé "soie végétale", car aussi doux que la soie mais issu du bois. Mais il n'y a pas d'effet satiné comme la soie !”

Le Tencel est une matière durable qui résiste très bien dans le temps.

4. Le coton biologique, une alternative au coton conventionnel

D'après le guide de l'Ademe La Mode sans dessus dessous, "le coton est la principale culture consommatrice de pesticides au monde, avec des impacts majeurs sur les écosystèmes". De plus, le coton est très gourmand en eau : selon les données des Nations Unies, il faut environ 7500 litres pour cultiver le coton nécessaire à la fabrication d'un seul jeans.

Top bébé EPIKO
EPIKO

Sarah Gomez, fondatrice de la marque de vêtements pour enfants EPIKO, a choisi d'utiliser du coton car "c'est une matière confortable, respirante et polyvalente grâce aux différents types de tissages existants (éponge, nid d'abeille, cergé, etc.)... Mais en version biologique ! Car sa culture "n'utilise pas de produits nocifs ou de pesticides de synthèse et demande moins d'eau". En effet, les modes de culture permettent au sol de mieux retenir l'humidité, et donc de limiter l'irrigation. Pour sa marque, Sarah a choisi l'un des labels biologiques les plus exigeants, GOTS (Global Organic Textile Standard) : "c'est l'assurance d'avoir plus de 95% de fibres certifiées biologiques dans la matière".

Le coton bio est donc une très bonne alternative aux effets délétères du coton traditionnel ! Cependant, le coton demeure une fibre cultivée loin (seule 1% de la production mondiale est européenne : Grèce, Espagne et dans une moindre mesure Bulgarie).

5. Le polyester recyclé

Cache-cou NOSC en polyester recyclé
NOSC

Aujourd'hui, 68% des matières premières utilisées dans l'industrie textile mondiale sont artificielles (obtenues par synthèse chimique à partir d’un élément naturel) ou synthétiques (source). Ces dernières sont issues du plastique et donc du pétrole. Or, le polyester ou le polyamide sont des matières techniques, respirantes et légères, très utiles aux vêtements de sport ou aux maillots de bain. Alors, où est la solution ?

Chez Bien ou Bien, les marques font souvent le choix des matières recyclées... "On ne produit pas de nouvelles matières... Mais on utilise l'existant. Notre polyester recyclé provient de déchets pré-consommation (chutes textiles, par exemple) et post-consommation (bouteilles en plastique fondues et transformées en fibres)", explique par exemple Maugan Pénigel, co-fondateur de NOSC. La marque utilise aussi du polyamide recyclé, utilisé pour ses propriétés d'élasticité et de résistance (par exemple pour un pantalon ou un short). De la récolte des déchets au filage du tissu, tout se passe en Europe pour la marque. D'ailleurs, petit conseil pratique au passage : n'hésitez pas à vérifier la provenance des déchets utilisés quand vous achetez des vêtements recyclés !

On ne produit pas de nouvelles matières... Mais on utilise l'existant.

Pour Maugan, ce n'est cependant pas la solution idéale : "c'est une première étape vers plus d'écoresponsabilité. Mais pour arrêter d'entretenir l'industrie du plastique et sortir réellement de notre dépendance au pétrole, nous avons commencé à développer des pièces avec une nouvelle matière à base d'huile de ricin". Une matière innovante à suivre de près !

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À propos de l'autrice
Lucie de la Héronnière
Responsable éditoriale
Lucie a travaillé pendant une dizaine d'années pour la presse et l'édition. Sa spécialité ? L'alimentation et ses enjeux. Pour Bien ou Bien, elle plonge désormais dans toutes les facettes de la consommation responsable.

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