La base pour ne pas trop jeter : ne pas trop consommer
La base pour ne pas trop jeter : ne pas trop consommer
[Cet article a été initialement publié dans le guide IDÉES PRATIQUES #6 : Se mettre (vraiment) au zéro déchet : mode d'emploi, réalisé par ID L'Info Durable.]
Dans les dossiers pédagogiques du Centre Georges Pompidou, on peut lire que le minimalisme a été "interprété comme une réaction au débordement subjectif de l’Expressionnisme abstrait et à la figuration du Pop art, (étant) caractérisé, entre autres, par un souci d’économie de moyens". L’architecte allemand Ludwig Mies van der Rohe est à l’origine du principe fondateur du minimalisme : "Less is more". Plus qu’un art, le minimalisme est aussi devenu un véritable art de vivre.
Dominique Loreau est "l’une des grandes inspiratrices" de ce mouvement, remarque le quotidien Les Échos (Posséder moins pour vivre mieux ? 19/02/18). Cette Française installée au Japon est notamment l’auteure d’un livre intitulé "L’Art de la simplicité", publié en 2006 et vendu à plus de trois millions d’exemplaires dans le monde. L’ambition de cet ouvrage : faire découvrir aux lecteurs "un mode de vie zen, directement issu de l’art de vivre japonais, reposant sur le principe du ‘moins pour plus’". Comment ? En nous apprenant à épurer notre intérieur, à vider nos armoires, à oublier les achats compulsifs, à manger plus frugal, à prendre soin de son corps...
Mais attention, selon les auteurs et podcasters américains Joshua Fields Millburn et Ryan Nicodemus, derrière le site Web The Minimalists - où ils partagent leurs expériences depuis 2010 -, le but du minimalisme n’est pas seulement de se débarrasser des biens matériels : "Les minimalistes ne se concentrent pas sur avoir moins, moins, moins. Nous nous efforçons de faire de la place pour plus : plus de temps, plus de passion, plus de créativité, plus d’expériences, plus de contribution, plus de satisfaction, plus de liberté."
Le duo, également auteur du documentaire Minimalism (2016), disponible sur Netflix, entend nous présenter des pistes pour atteindre un style de vie minimaliste "sans adhérer à un code strict ou à un ensemble arbitraire de règles". Alors, comment s’y mettre ?
Une première suggestion pour passer au minimalisme : tenter la méthode BISOU (plus d'infos par ici !) à chaque fois que l’on souhaite faire un nouvel achat. Il s’agit d’un moyen mnémotechnique pour inciter les consommateurs à se poser les bonnes questions.
1. En amont : faire le tri chez soi pour y voir plus clair
Pour ramener moins de potentiels déchets chez soi, encore faut-il ne pas avoir un intérieur trop pollué par mille objets/ papiers/ produits en tout genre qui ne nous aident pas vraiment à y voir plus clair pour savoir ce dont on a vraiment besoin. Voici donc quelques conseils pour désencombrer son intérieur.
Une fois cette mission remplie, il sera plus que temps, si ce n’est pas déjà fait, d’arrêter de surconsommer afin de ne plus avoir à faire le grand tri chaque année. Pour désencombrer son intérieur, il suffit de se munir de trois très grands cartons (un pour ranger, un pour donner/vendre, un pour jeter en dernier recours, au bon endroit) et pourquoi pas du questionnaire suivant, proposé sur le blog mamansorganise.com :
Cet objet me plaît ? Oui / Non
Cet objet me rend service, il est utile ? Oui / Non
Cet objet est facile à utiliser ? Oui / Non
Je me sers de cet objet régulièrement ? Oui / Non
J’ai utilisé cet objet il y a moins d’un an ? Oui / Non
Je n’ai qu’un seul exemplaire de ce bel objet ? Oui / Non
En cas de réponses négatives ou si l’on hésite, il faut se débarrasser de l’objet en question.
Côté dressing
Nos vêtements se divisent en trois catégories :
Ceux que nous portons régulièrement : direction le carton "à ranger".
Ceux qui sont usés ou déchirés : direction notre section chiffons, la machine à coudre pour effectuer des réparations. On pense sinon aux bornes de collecte, s’ils ne sont ni souillés, ni mouillés.
Ceux qui sont encore en bon état mais qui ne nous vont plus ou que l’on n’aime plus : direction le carton "à vendre ou à donner". En bonus, il y a aussi les vêtements que nous aimons mais que nous ne savons pas avec quoi associer et par conséquent… que nous ne portons pas. Deux options : prendre enfin le temps de trouver des idées pour associer ces vêtements mis de côté ou... s’en débarrasser (don, vente...).
=> Plus d'infos sur le sujet dans l'article : Tri, revente, recyclage... Vider son armoire en 5 étapes
Côté bureau
Certains papiers doivent être conservés plus longtemps que d’autres : le site service-public.fr nous indique la durée minimale pendant laquelle il est plus prudent de conserver tel ou tel document (assurances, véhicule, banque, logement, impôts, santé). Attention, si l’on scanne un document pour le conserver au format numérique, il n’a pas la valeur d’un original (mais il est important de numériser ses documents importants tout de même pour en garder une copie). On se munit d’une chemise et l’on classe les documents à garder, catégorie par catégorie, pour s’y retrouver. On jette les autres au recyclage.
Côté salon et autres
Cadres photos, livres, souvenirs de voyages, statuettes, vases, plantes, horloges s’entassent chez nous et sont parfois difficiles à trier. L’idéal est de repérer tout ce que nous possédons en double et ce que nous ne remplacerions pas en cas de cambriolage... Et d’en faire profiter nos amis en le donnant par exemple. Pour ce qui est des livres dont on ne veut plus, direction point-livres.com, un site qui nous indique où les donner près de chez nous.
Côté trousse à pharmacie
On ne garde que les médicaments que l’on peut prendre sans ordonnance comme le paracétamol, certains antidouleurs… Quant aux autres, on ne les jette surtout pas, ils sont très polluants pour l’environnement. Qu’ils soient périmés ou non, on les ramène à la pharmacie. Les déchets de soins, les seringues, les aiguilles usagées ou non, les pansements et les compresses présentent des risques infectieux : ils font l’objet d’une collecte distincte.
Côté salle de bains
Attention à ces produits de soin que l’on n’a pas utilisés depuis plus d’un an : ils sont sans aucun doute périmés. Rien ne sert de se dire qu’on les utilisera bien un jour. Les contenants de nos cosmétiques sont divers et variés : l’ADEME nous explique sur son site où jeter tel ou tel emballage.
2. Devenir minimaliste : du concret pour ses prochains achats
Une philosophie de vie et une méthode ludique, très bien. Mais concrètement, comment prendre de vrais réflexes minimalistes au quotidien ?
Alimentation : emballages et gaspillage à réduire
Direction les commerces alimentaires : il est l’heure de faire le plein pour la semaine. Un premier conseil de base est bien sûr d’éviter de faire ses courses le ventre vide. Nous risquerions d’acheter trop, et donc de gaspiller. Car dans nos poubelles, il faut bien le dire, on retrouve bien souvent et bien tristement de la nourriture gâchée. Des dates de péremption auxquelles nous n’avons pas fait attention, la faute à un frigo mal rangé, trop rempli déjà. Des fruits et des légumes qui ont moisi trop rapidement à notre goût, des restes de plats que nous n’avons pas terminés à temps... Et c’est véritablement un premier point sur lequel il nous faut travailler, si ce n’est déjà fait. Autre vaste fléau : les emballages ! Nous nous retrouvons pour beaucoup chaque semaine avec une poubelle de recyclage pleine à craquer, alors que sur ce plan aussi, il y a de quoi faire baisser le niveau de nos poubelles.
LES GESTES À RETENIR
Faire une liste de courses en amont en ayant en tête des repas précis pour éviter d’acheter des aliments que nous ne saurons pas comment cuisiner ;
Bien ranger son frigo : les légumes et les fruits frais lavés dans le bac à légumes, les œufs, le lait, le beurre, le jus de fruits entamé dans la porte, les aliments entamés dans des boîtes de conservation réutilisables... Et mettre en avant les aliments qui se périmeront le plus vite ;
Surveiller sa corbeille de fruits et notamment les fruits abîmés qui pourraient contaminer les autres ;
Bien faire la différence entre la mention « à consommer de préférence avant » (altération possible des qualités gustatives du produit après la date) et « à consommer jusqu’au » (le produit ne peut plus être consommé après la date limite) ;
Avoir le réflexe de cuisiner ses restes. Vous trouverez de nombreuses recettes sur le web !
Se tourner vers des enseignes de vrac pour tous ses produits secs notamment : pâtes, riz, semoule, quinoa, céréales, biscuits, biscuits apéritif, farine, café, sucre, légumineuses... pour limiter ses emballages ;
Avoir des tote bags ou autres sacs de courses (à ne pas collectionner et à utiliser systématiquement pour ses courses).
Vêtements : éviter de futurs déchets
Les vêtements aussi sont une source de déchets considérable. Le fait d’en acheter mois après mois, au fil des modes, s’est banalisé, notamment avec les enseignes de fast fashion qui proposent des pièces "tendance" à bas prix. Résultat : des tas de vêtements s’entassent à la maison, les 3/4 n’ont quasiment pas été portés, soit parce qu’ils ne s’inscrivent déjà plus dans l’air du temps, soit parce qu’ils se sont vite abîmés... Voilà pourquoi il est crucial de revoir son rapport à l’habillement.
LES GESTES À RETENIR
Dès qu’une envie de vêtement se présente, tenter la méthode "BISOU" (Besoin, Immédiateté, Semblable, Origine, Utile) ;
Si cette envie de vêtement correspond à un réel besoin, la meilleure option est de l’acheter en seconde main pour encourager l’économie circulaire (friperies, braderies, applis de revente...). Pour tout savoir sur les enjeux liés à ce secteur et pour changer fondamentalement ses habitudes à ce niveau si ce n’est pas fait, direction notre guide Idées Pratiques : la mode éthique dans nos dressings.
Si un vêtement a passé plus d’un an dans son placard sans être porté : le donner, le revendre, ou en dernier recours, le déposer dans une borne de collecte.
Produits de soin et de beauté : moins de bouteilles et de flacons
Direction la salle de bains cette fois. Entre la crème hydratante, le shampooing, l’après-shampooing, le gel douche, la crème à raser, le démaquillant, les cotons jetables, et les produits en tout genre, les déchets à prévoir sont nombreux. C’est pourtant très simple de vraiment tout revoir dans cette pièce !
LES GESTES À RETENIR
Passer au shampooing solide, aux cotons en tissu, à l’oriculi (coton-tige réutilisable, souvent en bambou) ;
Tenter le vrac, car oui, les cosmétiques en vrac existent (on en trouve dans certains commerces de vrac, et plusieurs entreprises se sont lancées dans ce créneau).
Objets de la maison : une déco épurée est la clé
Les effets de mode existent aussi du côté de la décoration. Attention à la "fast décoration" ! Ambiance scandinave, bohème ethnique, flower power... Le hic, c’est de s’en lasser et de renouveler un peu trop souvent ses objets !
LES GESTES À RETENIR
Opter pour la seconde main : chiner peut être un réel plaisir et l’occasion d’avoir des objets uniques, et ce ne sont pas les sites de revente et les braderies qui manquent. Même s’il y a aussi des modes du côté des objets chinés, ceux-ci auront au moins l’avantage de ne pas être neufs, et d’être parfois de meilleure qualité que du neuf ;
Éviter d’accumuler des objets chez soi, au risque de ne plus savoir ce dont on a réellement besoin et de s’encombrer l’esprit ;
Ne pas oublier que parfois "pas cher, c’est trop cher" : un objet neuf à bas prix qui correspond à une mode donnée, c’est un objet qui pourra éventuellement vite s’abîmer et avoir besoin d’être renouvelé. Ainsi, si on préfère le neuf, mieux vaut acheter mieux (vérifier la qualité des matériaux, l’origine, les engagements de l’entreprise...) ;
Upcycler : une jolie bouteille en verre peut ainsi devenir un vase, une caisse à fruits peut servir de rangement...
Meubles, appareils électroniques et électroménager : faire durer pour moins renouveler
Nous en avons beaucoup, souvent beaucoup trop : téléviseurs, tablettes, téléphones, cafetières... Sans compter qu’outre ces objets électroniques, il y a aussi l’électroménager : tous ces appareils ont un coût non seulement à l’achat mais aussi durant leur phase d’utilisation. Les faire durer le plus longtemps possible doit être le maître-mot !
LES GESTES À RETENIR
Entretenir et nettoyer ses appareils régulièrement pour éviter leur panne (et aussi faire des économies d’énergie).
Avoir le réflexe de la réparation en cas d’appareil défaillant : direction un Repair Café (ces rassemblements qui permettent aux amateurs d’apprendre à réparer eux-mêmes leurs objets grâce à des experts bénévoles présents sur place), un réparateur professionnel ou des plateformes en ligne pour apprendre à réparer soi-même comme spareka.fr ou sosav.fr ;
En cas de renouvellement nécessaire, opter pour un appareil reconditionné et ne pas être frileux puisqu’il sera nécessairement garanti (Réseau ENVIE, Label Emmaüs, Back Market, Vente du Diable...).
Culture et divertissement : ne pas tout accumuler
Côté divertissement, du côté des adultes, avec le numérique qui prend de plus en plus de place (sites d’écoute de musique, plateformes de streaming, jeux en ligne, liseuses...), les déchets sont limités, même s’il faut évidemment veiller à limiter son empreinte numérique (au passage, il n’est pas forcément plus écologique de lire sur une tablette électronique que d’acheter un livre neuf). Mais il y a aussi les livres/ journaux/magazines, sans oublier les jouets pour les enfants !
LES GESTES À RETENIR
Privilégier des jouets/jeux de société de seconde main ou loués ;
Revendre ou donner les jouets non-utilisés ;
Penser à donner une seconde vie à ses journaux : emballage cadeaux, ou utilisation comme chiffon pour nettoyer les fenêtres avec un vaporisateur contenant 10 cl de vinaigre blanc et quelques gouttes de savon liquide ;
Faire don des livres qui ne nous servent plus.
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